Il y a tout juste un siècle, une jeune fille de quinze ans à la plume d'Arlequin nommée Mireille Havet ébauche ses premiers textes.
Apollinaire le publie, Colette préface l'un de ses textes et Cocteau la parraine au théâtre.
En pleine esquisse d'une gloire que tous pressentent, cette figure des Années folles éprise de liberté se jette à corps perdu dans les passions de ses amours saphiques et son addiction aux drogues.
Brûlée par les deux bouts, abandonnée de tous, elle sombre : on la croit morte à la littérature.

Pourtant, elle continue d'écrire et tient discrètement un journal intime dans une poésie et une lucidité hors du commun, qui prend une dimension exceptionnelle. " Je serai abracadabrante jusqu'au bout ", déclare-t-elle.
Enigme d'un destin météorique faisant songer à Emily Dickinson, en ce Journal vertigineux où les mots brûlent à chaque page, sous la forme d'un huis clos où le verbe alterne entre fulgurance, crudité et poésie, Mireille Havet écrit comme on danse, comme on pleure, comme on se détruit soi-même, comme on appelle au secours, comme on ne s'arrête plus d'écrire.
La parole poétique de Mireille Havet renaît aujourd'hui, délivrant sa lumière et ses imprécations.