Et l'histoire dont je me rappelle le plus, c'est celle de la brioche que ma mère faisait chaque année pour la fête de Pâques.

Avec mes frères et soeurs, on s'asseyait autour de la table pour la regarder faire. Car, disait maman dans la vie, on apprend d'abord en regardant sans toucher. Elle jetait la farine sur la table de la cuisine puis elle commençait à faire sa pâte qui augmentait, qui grossissait au fur et à mesure qu'elle ajoutait le beurre fondu, le sucre, les oeufs, le levain, la fleur d'oranger et la petite goutte à Papa, pour parfumer et pour le goût.

Une fois les torsades de pâtes rangées, comme des enfants dans les moules à tarte, elle changeait les draps de nos lits, branchait la couverture chauffante puis, comme le boulanger avec son pain, elle mettait la pâte à brioche à lever dans nos lits. Une fois la pâte levée, elle allumait le four et mettait les brioches à cuire.

Et le soir quand on allait se coucher, on s'enfonçait dans des draps qui sentaient le gâteau. On disparaissait au fond de nos lits plein d'odeurs de rêve et de magie.