Tout le monde a entendu parler de François d'Assise, ce saint italien du 13e siècle qui aimait la pauvreté, célébrait la nature et fut le premier dans l'histoire à recevoir les stigmates. Sa popularité s'est largement répandue, notamment par les in- nombrables fiorettis rapportés, à travers les siècles et dans le monde entier, bien au-delà des frontières du christianisme. Le spectacle " Parfois le coeur est un tambour fou " retrace la vie du " pauvre d'Assise ", et nous montre la radicalité de son parcours : fils aîné d'une riche famille marchande d'Ombrie, nous découvrons la jeunesse dissipée de François, ses aspirations et ses combats dans l'époque.
Il entend un jour une voix qui lui demande de " réparer son Eglise en ruine ". François décide alors de tout quitter pour embrasser une vie de pauvreté au service du message évangélique.

A sa mort (à 44 ans), il aura rassemblé avec sa communauté Franciscaine près de 5000 frères qui le suivront dans cette vie radicale et laisse un héritage dont la postérité se poursuit toujours aujourd'hui.
En témoignent sa proclamation en 1979 comme " patron des écologistes " ou en- core " les rencontres d'Assise " qui pourraient contribuer à ramener la paix entre toutes les religions.

Avec ce spectacle, je propose d'entraîner les spectateurs dans une expérience forte : plonger au coeur de cette vie, de la jeunesse dissolue de François jusqu'aux stigmates, jusqu'à sa mort.
Si la trame narrative du spectacle s'appuie sur les tous premiers écrits historiques - ceux de Thomas de Celano (Vita prima, Vita secunda), la légende de Pérouse, les fiorettis, la légende des 3 compagnons - je n'ai cependant pas souhaité un spectacle hagiographique.
Je veux que le public rencontre le François d'origine, celui qui vient nous parler maintenant ! Son parcours radical, que je regarde comme une incroyable épopée, est plus que jamais une histoire pour notre temps matérialiste et en quête de sens.

Le spectacle est en fait construit comme une oeuvre cinématographique avec de très nombreuses scènes ; des ruptures de rythme entre les scènes dialoguées et les scènes silencieuses ; des ruptures de ton entre le comique délirant et le plus tragique, en passant par des instants de poésie portés par le chant et la danse.

Une construction tout en cou- leurs afin de révéler un François déroutant et très incarné ! Tout sauf un être éthéré ! La poésie de sa vie est violente, âpre, ouverte à la blessure, à la fêlure.
J'ai voulu cette cocréation avec l'équipe de comédiens et d'artistes comme une expérience commune qui touche nos propres pauvretés, une mise à nu, en vérité.
Ce choix périlleux de la construction du spectacle au fur et à mesure des répétitions permet à la création de grandir, de s'enrichir au contact de nos vies partagées.
Nous n'avons pas hésité dans ce cadre, à placer des correspondances, des anachronismes au milieu de scènes de chevalerie par exemple.

Je pense que les spectateurs verront que les blessures racontées sont vraies, les nôtres au fond. Ce n'est pas factice.
L'appel à la pauvreté de François me touche profondément. On a beau avoir tout ce que l'époque place dans nos mains, les portables, les derniers vêtements à la mode, cela ne vaut rien si cela empêche la route à l'essentiel. L'essentiel pour moi, c'est la découverte que l'ouverture à la pauvreté du coeur permet de rejoindre l'Amour fou de Dieu.