Après Port-Royal, Montherlant avait dit qu'il n'écrirait plus pour la scène. En 1958, il revient néanmoins sous les feux de la rampe avec sa version de Don Juan. Et cette pièce est sans doute l'une des plus originales de son répertoire. Don Juan a vieilli. Il revient à Séville en compagnie de son fils Alcacer. Un an plus tôt, il avait dû fuir à cause de ses fredaines avec Ana. De retour sur " le lieu du crime ", il fait plusieurs rencontres qui sont autant de miroirs tendus à son âme : l'adolescente Linda, le Commandeur, sa femme, la double-veuve, Ana, sans oublier les trois Carnavaliers et les penseurs-qui-ont-des-idées-sur-Don-Juan. Ce carnaval, tantôt burlesque tantôt grave, révèle un Don Juan plein d'humanité, hanté par l'idée et par l'angoisse de la mort. Montherlant reprend les principaux traits du mythe, mais il les subvertit, et déroute sans cesse les attentes traditionnelles cristallisées autour du personnage. La pièce, créée le 4 novembre 1958, fut sifflée. Grandiloquence du jeu des acteurs ? mise en scène insuffisante ? Texte trop étrange ? Elle connut un plus grand succès lors de ses diverses reprises.