Ciné-concert russe - La jeune fille au carton à chapeau

Servi par un jeu d'acteurs extraordinaire, c'est un véritable chef-d'oeuvre du cinéma mondial et un eldorado pour la fantaisie musicale. Le grotesque et l'absurde des personnages, qui font penser à ceux de Nicolaï Gogol, rebondissent dans les sauts mélodiques. Les courses-poursuites et le burlesque dans lesquels surviennent des réminiscences du cinéma américain (Harold Lloyd ou Buster Keaton, par exemple, avaient été très en vogue dans les années 1920-25 en Russie comme ailleurs) se traduisent par la bousculade de pompes musicales agré- mentées d'irremplaçables sifflets de train.

Les numéros de jonglage et d'équilibrisme, dus à l'attachement de Barnet aux arts du cirque et au théâtre satirique, entraînent les sonorités de fanfares circassiennes. Le délicieux romantisme de l'histoire d'amour flirte avec la romance russe, toujours populaire à cette époque dans les salons moscovites. La géométrie dépouillée des décors constructivistes fait surgir les échos des mesures des marches optimistes de la jeune république soviétique...
Tout au long de ce ciné-concert, la musique joue avec délectation la rythmique singulière de ce film dans lequel Barnet détourne avec virtuosité une commande de propagande et nous place face à une oeuvre d'art jubilatoire par sa gaieté et sa légèreté...

Un film de Boris Barnet (URSS, 1926)
Composition musicale originale de Vadim Sher

Marie Gremillard: violoncelle
Vadim Sher: piano, accordéon, clavier