Le spectateur observateur-voyeur est facilement tenté de projeter ses fantasmes sur ce qu’il perçoit du spectacle à travers son égocentrisme libéré dans le noir de la salle ou dans son intimité. Il est ainsi dispensé de partager avec l’artiste les émotions et n’en retient que ce qui le renforce dans ses rêves et croyances ou dans sa simple névrose. Et si le spectateur passait au stade de filtre, qu’en serait-il ? Si l’auteur le mettait en position de vivre, de ressentir et de s’émouvoir à la place de l’acteur ? L’événement que je propose implique le spectateur-acteur.

Alors que le spectacle, lui, remet le spectateur à sa place … de spectateur-voyeur, tout en lui proposant dans le même temps de continuer son aventure sensorielle. Le passage se fait naturellement en laissant au spectateur un goût d’aventure et l’impression souvenir d’en avoir été l’acteur-auteur. Seul l’artiste, au cœur du spectacle, marquera la marge entre l’événement global et le spectacle.

Il ne s’agit pas de « faire participer », mais de laisser vivre un moment particulier, voire exceptionnel dans un échange spectateur-acteur, puis de laisser le dit « spectateur-acteur » se faire porter par la magie d’un lieu, puis l’imaginaire et le monde d’un artiste. Le concept large d’un spectacle inclus à l’intérieur d’un événement qui englobe un ensemble imaginé et créé par l’artiste lui-même, permet au public d’être présent et actif avant même que l’artiste n’intervienne physiquement .