Il y a là une mère dépressive, une grand-mère dépravée, une tante ch'ti, côté féminin.
Côté masculin, un père qui n'arrive pas à convaincre ses ados de ne pas l'appeler Paulo, les deux ados en question et en questions aux prénoms d'épiphanie, Balthazar et Melchior, le copain Mamadou le slameur, et le chien obsédé par les saucisses.

Avec un humour à la fois subtil et mordant, Irma Rose jette en pâture autour de la dinde ce condensé de famille hétéroclite.
Les répliques font (fine) mouche comme lorsque la narratrice perd son amoureux et qu'on lui assène le fameux " Un de perdu, dix de retrouvés ", et qu'elle rétorque " Ça, ce n'est pas pour les chéris, c'est pour les kilos ! ".

L'écriture est sans vulgarité et pointe même derrière l'ironie une tendresse pour tous ces personnages.
On rit d'un rire franc tant du texte que du jeu multiple de la comédienne. Saluons aussi le travail de Jean-Claude Cotillard qui dans une mise en scène très dépouillée réussit le pari d'éviter le sempiternel rentre-dedans fatigant du one-man show. Ici tout est en finesse.
Un geste, un tic, un timbre de voix ou une attitude suffisent à typer un personnage. Pas d'esbroufe donc, rien que du talent.
de "Gérard Savoisien - placeautheatre"