A deux heures du matin

Constanze, Lisa, Marc et d'autres, la trentaine de moins en moins triomphante, parcourent le monde pour le compte d'une boîte d'audit et de recrutement. Chasseurs chassés, s'entr'observant via réseaux sociaux et intranet, ils ont aboli la frontière entre le privé et le professionnel.
A deux heures du matin, les masques tombent, chacun peut enfin dire ses manques, ses ratages, avouer son indicible besoin d'amour...

Dans toute son oeuvre, Falk Richter s'efforce de saisir l'état de l'homme dans notre monde gangrené par le néolibéralisme jusqu'à la folie.Le monde du travail, qui envahit la sphère du privé, est un de ses sujets d'observation favoris.
Ici les recruteurs, évaluateurs de tout, optimiseurs de performances, surveillants de l'implication de chacun, générateurs d'une efficacité nouvelle... sont eux-mêmes au bord de l'abîme. Nés d'un marché (celui des pourvoyeurs de " bien-être " dans l'entreprise) fraîchement inventé pour réparer les dégâts du marché, ils sont eux-mêmes broyés, saisis ici à différents stades du burn out.
Incapables de nommer ce qui leur arrive, et donc de le penser, incapables de nommer leur désir, ils naviguent entre des tentatives drolatiques pour trouver une voie/x possible, et prennent le public à témoin de leur désarroi et de leurs espoirs.