Improvisation, virtuosité et expressivité : trois vertus cardinales que Johann Sebastian Bach transmet à son élève Karl Friedrich Abel. Si l'on retient souvent Abel comme ultime prodige de la viole à se manifester sur la scène européenne dans les années 1770, on occulte l'une des grandes singularités de son jeu : sa viole, qui fait pleurer son auditoire, est avant tout le médium d'une intimité sensible — celle-là même qui conduit son illustre aîné à faire résonner l'instrument dans les moments les plus déchirants de ses Passions. Elle-même virtuose époustouflante, musicienne aussi profonde qu'inventive, Lucile Boulanger dessine ici le chemin de cette filiation exquise.