Avec ces textes en souffrances jaillissent trois "petites tragédies familiales", trois histoires de vie arrivées au point précis où le poids des solitudes urbaines et de l'incommunicabilité provoque la rupture : un père et son fils se séparent à Orly, deux soeurs amoureuses du même homme rejouent la nuit où elles se sont déchirées, un couple se bat avec la douleur de la perte de leur enfant. Des textes forts et salvateurs.

Eric Herbette, qu'il soit adaptateur ou auteur, nous offre toujours un théâtre jubilatoire d'une belle violence, au travers duquel se retrouve, un peu à la manière d'un Artaud, cette "nécessaire cruauté" à laquelle se mèle une perpétuelle réflexion sur ce que peut être la morale, le pouvoir, et le destin.

De par son procédé d'écriture, il nous propose à travers ces tranches de vie volontairement et tristement banales une mise en jeu tout à fait singulière où chacun des états d'âme s'inscrit dans des images immédiates.
Dans cette perspective proposée, il s'agit donc de mettre en scène l'essentiel. Surprenante projection théâtrale, utilisant parfois certaines formes cinématographiques.
Cette mise en scène scénographiée à géométrie et angles variables semble "capturer" les acteurs et leur spectre d'intensité, révèlant l'action dramatique d'une manière quasiment photographique.

Les musiques de liaison signées Isabelle Aboulker, faites de quelques notes de piano, viennent suspendre le souffle de chaque pièce.