"Une ombre au tableau" relate les tribulations d'un gosse dont l'absence du père suscite sa curiosité pour les familles autour de lui. Cette situation semi-orpheline n'est pas pour autant objet de tourments. L'enfant sait même en tirer profit. Elle lui octroie "plus de latitude" que beaucoup d'autres gamins de son quartier.

Ainsi, bien des événements ou anecdotes rapportés dans le récit que vous livre le narrateur, ce "vieil enfant", pourraient conduire à l'affliction. Il n'en est rien. Le spectacle est pétulant, moqueur, excessif et grinçant, souvent émouvant, mais jamais larmoyant.

En fait, dans "Une ombre au tableau", tout est prétexte au jeu.
Les souvenirs bondissent sur la scène convoquant une multitude de personnages, tous plus pittoresques les uns que les autres. Et c'est un tourbillon de descriptions tantôt caustiques, méchantes, injustes et cruelles tantôt tendres, sincères et nostalgiques. L'observation est acerbe et impitoyable mais jamais amère parce qu'elle est celle de l'enfant. Celui-ci s'amuse de tout et il se délecte à faire le portrait des gens qui l'environnent, sa mère, son frère, ses copains, les filles et les adultes de passage. Contrefaisant les défauts des uns, célébrant les qualités des autres.

"Une ombre au tableau" est un-seul-en scène funambule, progressant sur une ligne de crête où le rire s'excuse devant l'émotion et la larme reflue dans un clin d'oeil.