Peut-on " dire " et " représenter " le libertinage sur un plateau de théâtre ?

La réponse est oui, assurément, car nul autre lieu de liberté ne pourrait réserver meilleur accueil au turbulent sujet. Dynamitage des bonnes moeurs ou recherche effrenée des plaisirs ? Affirmation d'une pensée libre ou dérèglement de tous les sens ? Le libertinage dispose d'une multitude de masques. L'Enfer ne me fait pas peur, jeu de rôles pour cinq comédiennes, entraîne le spectateur – tantôt témoin, tantôt complice, tantôt voyeur... - sur ces voies sulfureuses. Le temps d'un souper, elles débattent et se débattent drôlement avec leur grand sujet sérieux. Sérieux absolument puisqu'il interpelle Dieu et menace la société des hommes.

Autour des figures tutélaires de Sade et de Dom Juan, dont elles n'hésitent pas (bien que femmes !) à revêtir les attributs, les cinq comédiennes poursuivent un jeu de pistes où se rencontrent la débutante, la maîtresse-femme, la dupe ou le bourreau. A une époque friande de pornographie et de drague en speed-dating, il paraît nécessaire d'opposer la vitalité et la puissance durable du langage.

Et d'emprunter au libertin, qui se nourrit de mots tout en autant que de chair, les nobles et redoutables armes de son geste insurrectionnel.