À priori, c’est une comédie enlevée, basée sur le thème du faux mariage du vieillard bourru et trompé. Mais c’est aussi, sur ce canevas simple, un portrait de la solitude. Car Don Pasquale ne doit pas être seulement un personnage ridicule, c’est aussi un homme sensible que la découverte de la beauté et de l’amour, à travers Norina, fait basculer dans une sorte de béatitude aveuglante. De même, les autres protagonistes n’ont de la dureté que l’apparence et ne sont en fait que des âmes tendres qui manigancent ce simplissime stratagème de mariage arrangé que pour faire triompher l’amour. Il faut donc tisser la mise en scène entre la farce et la comédie de mœurs, le grotesque et le tragique. Elle doit être en mouvement, à l’image du décor et de la scénographie. L’action se passe dans un décors coloré et mobile tout en fausses perspectives. Une sorte de cabinet du docteur Caligari revu par Mondrillant. Don Pasquale, en bon collectionneur, vit au milieu de ses papillons. Norina, elle, vit dans son boudoir capitonné, tandis qu’Ernesto chante la lune et les coquelicots... Les costumes seront d’inspiration fin dix neuvième anglais, sages et fous à la fois, teintes acidulées, mêlant l’audace au bon goût. Le tout dans un tourbillon de couleurs. La musique également doit inspirer le mouvement et le mouvement doit inspirer les personnages. En fait, Don Pasquale, vieil homme calcifié par son quotidien, se met en mouvement par amour, et grâce à lui, effectue sa mutation et s’ouvre au monde.