Mon Père (pour en finir avec)

La mère revient dans la grande maison familiale. Le père est rentré, après dix ans d'absence, il est venu mourir là. On ne le verra jamais celui-là, sinon sous la forme de fantôme ou du spectre de l'enfant qu'il a été. La mère a convoqué ses trois enfants, deux naturels, un adopté. Ils arrivent, elle les accueille, et c'est l'heure des grands règlements de comptes, des souvenirs, des vieilles peurs, des secrets à fouiller, celui d'une fille charcutée au sécateur, celui d'un enfant adopté, celui d'un ancien premier amour. L'héritage et les héritiers. Mais il n'y a pas de testament.

La mère convoque les fantômes du mourant, ses parents, anciens collègues, amis, premier amour... Elle voit passer des spectres, le jardinier au sécateur, la fille en robe rouge, le médecin, la feu mère du mourant, comme ses trois enfants, ou le fantôme de son mari petit garçon dans les années cinquante.

Les vivants et les morts se croisent comme les temps. On reconstitue, avant sa mort, la vie du père. Reviennent en surface les trahisons, les tragédies anciennes, les choses qui ont bouleversé les vies de chacun d'entre eux, sans que rien jusque-là n'ait été jamais dit. Du père, on tente de faire le portrait, faute de pouvoir lui rendre hommage. On cherche à comprendre qui il était, ce qu'il a fait, cet homme absent, qui n'a jamais aimé, dit-on.

On pardonne, ou pas. Les enfants repartent, parce qu'ils n'avaient prévu de vêtements de deuil. La mère s'effondre. Mais les enfants reviennent...