Haute Surveillance
Théâtre des deux rêves

-c'est beau !!
Ce spectacle est vraiment magnifique. La mise en scène est d'une beauté visuelle exceptionnelle et en même temsps épurée, la bande son est disons "particulière" et participe beaucoup à l'atmosphère bizarre de la pièce. Les comédiens sont excellents, tous sans exception, pas évident, à leur jeune âge, de tenir ce texte. Le texte, justement, hors catégorie si l'on devrait le juger. L'histoire de "yeux verts" et de ses compagnons de cellule est vraiment très prennante bien que pas toujours facile à digérer.
# écrit le 18/02/05

-intéressant et très riche!!
Pari osé que de monter ce spectacle quand on est un jeune metteur en scène! pari réussi! Il est difficile d'adhérer à tout dans un spectacle, alors je préfère ne parler que de ce qui m'a vraiment plu.Le comédien qui interprète Maurice en particulier!!! quelle richesse dans son jeu! il est là sans se montrer et on ne voit que lui! j'ai aimé voir jouer les dos de ces jeunes comédiens! J'ai aimé la scène du meurtre dont le symbolisme contraste véritablement avec les scènes très crues de l'ensemble du spectacle. J'ai aimé l'atmosphère générale de la pièce, dérangeante et oppressante.
# écrit le 12/02/05

-"le poète s'occupe du mal"
lorsque j'ai vu l'affiche de haute surveillance à la fac, je me suis dit que c'était courageux de monter une pièce de Genet! comme je l'avais déjà étudié dans un cours (je suis en arts du spectacle!), je me suis précipité pour voir de quoi il retournait. un peu septique, je l'avoue... la deception n'était pas au rendez-vous! bien au contraire, les comédiens sont époustouflants! le huis clos est parfaitement soutenu pendant une heure où le spectateur décroche de sa vie ordinaire. le metteur en scène respecte une géométrie propre à Genet mais il laisse surtout le champs libre aux comédiens. il y a un véritable travail sur la voix. marre des jeux trop psy! ici, ce n'est pas le cas. surtout quez le comédien qui joue le personnage de Yeux verts. il utilise les différentes hauteurs de sa voix, du grave au plus aigu, avec une facilité déconcertante. cela donne un personnage inquiétant, destabilisant mais qui reste toujours dans la parfaite conscience de ce qu'il fait, au plus juste. même s'il semble être d'une virilité à toute épreuve (vous verrez...), il fait aussi un grand travail sur le corps comme celui qui joue Maurice. dans une cascade de mots, le spectateur est pris dans un tourbillon d'images, de mouvements, parfois proche de la chorégraphie, entre féminité et masculinité. genet écrit dans le miracle de la rose (je recopie car je ne le sais pas par coeur!!! c'est pas pour être intello mais ça colle bien et d'autres l'ont fait!) "je suis poète en face de ces crimes et je ne puis dire qu'une chose, c'est que ces crimes libèrent de tels effluves de roses qu'il en reestera parfumé, et son souvenir et le souvenir de son séjour ici, jusqu'aux plus reculés de nos jours." et la rose n'est pas oubliée... tout ça pour dire que j'ai passé une soirée géniale et que je recommande à tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leurs soirée de se ruer vers ce théâtre du 19ème. a bon entendeur!
# écrit le 10/02/05

-un trouble captivant
je suis tombé par hasard sur cette pièce sur les infos de Têtu. j'avais lu Querelle de Brest il y a deux ans et un ami m'a dit que certains des thèmes étaient repris dans Haute-Surveillance. ce n'est pas toujours facile de sortir à Paris et de trouver un bon spectacle pas trop cher pour un étudiant! j'y suis allé avec une amie. 6 euros par personne, pourquoi se priver! je n'ai pas regretter mon début de soirée! on est arrivé un peu juste mais heureusement, ça n'avait pas commencé. j'ai été vraiment troublé par les acteurs. d'accord, ils sont beaux et c'est déjà un plaisir pour les yeux! mais je ne sais comment expliquer ce qui se dégage d'eux... ils sont très différents tous les trois. il y a aussi le surveillant qui est un peu à part et qui nous fait partager la proximité des prisonniers. celui qui joue le rôle de Lefranc est vraiment énigmatique. on a du mal à percevoir ce qui se cache derrière cette personne qui souffre. la fin nous y aide! Maurice est à la fois détestable et attachant; il apporte aussi une note d'humour dans cette pièce plutôt tragique. c'est "le garçon le plus tranquille de la cellule", si je ne me trompe pas... et puis il y a Yeux-Verts! c'est lui qui m'a le pus troublé. il a des intonations de voix très différentes; on dirait qu'il est possédé. ça peut paraître bizarre à ceux qui n'ont pas encore vu la pièce mais c'est réellement le cas et ça nous permet de rentrer dans l'histoire avec une grande violence. et les larmes qui coulent sur scène semblent si vraies. on est un peu comme dans un cinéma vivant. pourtant on est ailleurs que dans la vie de tous les jours. on est transporté dans un autre monde. mais ça semble plus vrai que le nôtre. c'est vraiment difficile d'expliquer ce que j'ai ressenti. mon amie voulait qu'on attende les acteurs pour les féliciter mais j'ai préféré partir. je n'aurais pas su quoi leur dire tellement j'ai été ému. et comme en plus j'ai pleuré, ça le faisait encore moins! il y a dans cette pièce une atmosphère vraiment pesante qui me fait penser à ce poème de Baudelaire qu'on travaille en ce moment "quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". en tout cas, on ne s'ennuie pas une minute! j'ai lu les autres critiques et j'ai eu aussi envie d'en faire une mais ce n'est pas si facile de décrire des sentiments si forts! si, c'est vrai, je voulais dire que la musique est vraiment trop forte par moment quand les acteurs parlent. merci à tous pour cette pièce et avis à tous ceux qui hésiteraient encore... courez-y vite!!!!
# écrit le 10/02/05

-Belle Performance
Prenant, dérangeant, poignant... Les comédiens sont justes, ils nous entraînent dans leur univers de dualité sans lacher la tension! La mise en scène laisse place à l'imaginaire et étrangement certaines scènes "dures" nous laissent une belle image. Bravo à tous! Allez les voir.
# écrit le 10/01/05 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

-"L'amour précipite les êtres"
Après quelques détours par les rues alentours, je me trouve enfin devant la salle. J'entre. Peu de monde. Je prends néanmoins mon billet et vais fumer une dernière cigarette. Pas celle du condamné. Je suis là de plein gré pour découvrir ce texte que je connais bien mais que je n'ai jamais vu porter sur scène. Un homme en costume noir nous invite à entre d'une voix aux accents pernicieux. Je pénètre dans la salle et je vois le tableau de trois jeunes hommes immobilisés dans le temps. Une musique au climat étrange s'installe... pourquoi pas. Le noir se fait. "Boule de Neige, il m'encourage, il m'accompagne. Ensemble nous irons à Cayenne" Les lèvres puis les corps se délient. Ce qui capte d'emblée mon attention, ce sont ces voix sorties de l'ombre. Elles murmurent, s'exclament, théâtralisent, se "quotidiennisent", s'envolent dans des crescendos lyriques où vibrent la féminité d'une "rose". Je suis happé par ces énergies destructrices et poétiques. Je vois Yeux-Verts, Maurice, Lefranc. Je m'insurge quelquefois lorsque la musique revient. Comment peut-on priver le spectateur de certains moments de grâce avec ces ambiances de série B. Mon agacement est de courte durée. La justesse des comédiens me pétrifie. "L'amour précipite les êtres; les jeux érotiques découvrent un monde innommable que révèle le langage nocturne des amants. Un tel langage ne s'écrit pas, on le chuchote la nuit à l'oreille, d'une voix rauque. A l'aube, on l'oublie." Je repense à ces mots de l'auteur. Tout va très vite sur scène. J'ai peur que les sens me perdent. Je ne vois pas tout. Le metteur en scène semble aimer les diagonales tragiques et ça ne me déplait pas non plus. Cet entrechoquement de regards, d'états me fascine. Certes, la mise en scène me semble parfois facile mais reste assez efficace pour servir les jeux si différents des quatre protagonistes! Merci pour ce voyage en dehors du temps. Je sors de la salle vidé mais catharsisé, si j'ose dire. J'ai besoin d'une cigarette. J'entends quelques commentaires épars. Puis je vois les comédiens sortir quelques minutes plus tard. Je brûle de leur dire ce que je ressens. Je n'en fais rien. C'est si délicat. Ils semblent épuisés mais ravis, encore cernés de maquillage. L'un éclate de rire, l'autre semble encore habité par son personnage. On ne va pas voir cette pièce pour se distraire, c'est certain mais on en ressort différent, avec plus de modestie sur l'humanité. Si "l'amour est un tyran qui n'épargne personne", je n'aurai pas été épargné par cette représentation. Et pour cela, merci encore à ces quatre comédiens!
# écrit le 24/01/05 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

-Dans la cellule avec Genet
A l'entrée, le professionnel pourrait être un videur ou un croque-mort. Ou un professionnel des médias : c'est notre "matons !" Mais ici, faute de bons sentiments ce sont des imaginaires incarcérés, donc hallucinatoires que le public partage comme par le trou d'une serrure. Le personnage principal ("yeux verts"), terrifiant, est joué par un comédien au physique de "choriste", ce qui lui permet d'en révèler la fleur humaine avant de le faire passer du statut de raté-criminel à celui de génie du mal, dans l'enfer d'une cellule pour trois. Des deux autres damnés, l'un a besoin de se créer un personnage pour tuer : c'est un raté, comme ce "criminel manqué" de Genet. La mort de l'autre sera mis-en-scène comme une scène d'impuissance chez Kubrick (plus troublant que n'importe quel gros plan de pornographie). Ils se séduisent comme on se prépare au rite du hara-kiri. Ils se possèdent comme on est possédé par le vaudou. Mais ce sont leurs pleurs qui nous bouleversent, car ils nous renvoient à notre propre prestance : attendue, jouissive et deséspérée. Dans le couloir de la mort, quand le public se fait la belle, il a passé un bon moment.
# écrit le 05/02/05

-A voir !
Je suis entré dans cette petite salle, nichée dans le 19éme arrondissement et là... J'ai été plongé dans un monde surprenant, le monde de Genet. Un monde qui prend à la gorge, où des images dures et marquantes peuvent devenir trés belles. Cette jeune compagnie a fait un travail juste et soigné, les comédiens donnent beaucoup d'eux-mêmes, et il faut aussi noter une musique originale particulièrement réussie. Je remercie cette petite équipe pour avoir donner vie à ce texte !
# écrit le 13/01/05