"Pour moi, les Vêpres sont la première oeuvre cinématographique de l'histoire de la musique. Le génie dramatique de Monteverdi fait que chaque psaume (et spécialement les trois premiers) se présente comme une véritable scène d'action théâtrale. Monteverdi plante un décor, et nous permet de sentir, de ressentir, de visualiser, de toucher même la musique. Il s'engouffre dans toutes les brèches de la Contre-Réforme. Il a compris que tous les mediums doivent être embrassés pour que le texte pénètre l'auditeur et le travaille. C'est aussi ce qui justifie un tel dispositif musical car la musique des Vêpres est proprement immersive, elle se déploie dans des nappes sonores exceptionnelles. Assister à une représentation des Vêpres, c'est faire l'expérience de l'extase."

Raphaël Pichon
Extrait du livret, Vespro della Beata Vergine, 2023, Harmonia Mundi International

Avec les Vespro della beata Vergine, Monteverdi imagine l'un des premiers monuments de la musique sacrée européenne. Méditative et théâtrale à la fois, sa partition est conçue comme une somme de prières qui n'hésite pas à faire appel à l'expression de la joie, voire à la plus grande sensualité. Le sentiment baroque de la musique est déjà tout entier présent dans ces pages vocales d'une grande virtuosité, qui alternant avec des moments pleins de relief confiés aux instruments.

Avec ces Vêpres de Monteverdi, oeuvre fondatrice composée en 1610, Raphaël Pichon succède à Versailles à celui qui s'en est fait une religion : John Eliot Gardiner. Mais ce n'est pas un hasard, c'est une filiation : pour l'anniversaire Monteverdi 2017, John Eliot Gardiner avait demandé à Raphaël Pichon de venir jouer les Vêpres dans le festival qu'il dirige à Leipzig : défi brillamment relevé par le jeune chef et son extraordinaire ensemble Pygmalion !
Sous de telles auspices, le monument choral de Monteverdi, véritable sommet du baroque, ira encore une fois au plus haut des exigences que Pygmalion défend depuis une décennie. Pour tutoyer Dieu plus que jamais...