J'éprouve n'est pas une pièce de théâtre, c'est un manifeste...
Ou plutôt une manifestation poétique et politique, théâtrale et dansée,musicale et silencieuse.

Ce n'est pas une oeuvre transversale, ni même une performance...
C'est une contre performance : c'est cet enfant qui tâtonne dans le noir et siffle pour se rassurer, et puis c'est cet autre enfant qui ne supporte plus, s'arrête, s'assoit, et se met à hurler.

C'est cet homme-tronc qui pousse la chansonnette, jusqu'à l'étranglement.
Ce présentateur du vide qui hurle le silence, sans jamais s'arrêter.
C'est cette vieille, alcoolique et boiteuse, qui se tourne vers dieu et lui dit que de son amour elle n'a gardé que la violence.
Ce sont ces rois mages, sentinelles de l'espoir, gardiens du désespoir, génies de la communication, qui quadrillent nos désirs et attendent une solution.
C'est le diable, cet être immense qui s'emmerde profondément.

Et puis c'est cette amoureuse, bouffie d'envies, qui baille des fleurs plein la bouche et danse sur les ruines de nos désirs.
C'est cette Madone, violée de l'immaculée, qui porte le monde, le monstre messie, l'hydrocéphale aux mille paroles et qui va accoucher.
C'est toute cette humanité qui attend, qui l'attend... Lui, le messie ; le messie porteur de la parole de feu.

C'est à cet exact instant qu'il apparaît... Mais... Mais il est muet. (Ou peut-être il n'a juste pas envie de parler).
Alors les autres, ils recommencent à attendre et parler pour lui.

Extrait :

"C'est pour toi : humanité de gare ou d'aéroport, petit vieux assis, sur un banc à attendre, année après année, gigantesque titan qui s'est affaissé, ses épaules ployées, le bras écroulé et sur son index : les corps entiers de tous ses petits enfants accrochés.

C'est pour toi : humanité de prison, gamin sale aux muscles à peine éclos, bête fauve, qui dessine cercle sur cercle avec ses pieds, au centre de ces monstres d'espérances et de ces rires de violeurs.

Pour toi : humanité d'hôpital : visage de vieille qui ressemble à la lune, le temps qui se courbe indéfiniment sur les dernières secondes.

C'est pour toi humanité de théâtre, Théâtre de l'humanité"



La Fanfare : José Navas, Nicolas Portnoï, Bernard Benony et Pascal Fabry
Composition : José Navas et Nicolas Portnoï
Scénographie : Sabrina Mokhlis et Léon Masson
Les statues de Samuel Cahu
Création lumière : Sabrina Mokhlis
Création vidéo : Luc Martin