Elle veut le démasquer et le tuer avec son épée. Et voici Samuel, l'un de ses ouvriers, petit juif pauvre car mal payé. C'est lui, le voleur. La Veuve l'aime bien car il la fait toujours rire. Qu'importe, elle s'apprête à l'embrocher. Mais Samuel, grâce à son esprit rapide et malin, réussit à retourner la situation. Voilà la Veuve menacée à son tour de périr par l'épée et c'est au moment où Samuel va la frapper qu'éclate ce coup de théâtre : la Veuve est en réalité un homme qui se nomme Abraham et qui est juif, comme Samuel !

Pourquoi ? Comment ? Quant à Samuel, le voilà confronté à un sacré dilemme : si ses collègues entraient en criant " mort au juif ", il saurait sans doute le parti à prendre. Mais s'ils entraient en criant " mort à l'exploiteur ", le saurait-il tout autant ? Y a-t-il une réconciliation possible entre ces deux êtres si proches et si éloignés en même temps ?

Avec ce dialogue vif, incisif et brillant, Victor Haïm nous convie à une fabuleuse partie d'échecs où les mots sont les armes d'un champ de bataille où surgissent, impitoyables, les questions essentielles : l'identité est-elle plus forte que la société ? La fraternité peut elle s'accommoder avec la matérialité ?

Dans un monde où tant de repères traditionnels ont disparu et qui cherche de toutes parts à retrouver un sens à lui-même, Abraham et Samuel, avec leurs souffrances, leurs extravagances et leurs espoirs, nous apportent peut-être, après tant de questions, de belles perspectives de réponses.