Ils peignent ces moments de vie qui passent, moments minuscules qui font qu'on est vivant, moments qu'on oublie aussitôt et que personne d'autre ne peindra.
Le vent au coin d'une rue, une soirée au club, un chien devant sa niche, voilà ce qu'ils peignent, le soir, après avoir passé leur journée au fond de la mine.

Les "peintres au charbon" ont vraiment existé, au nord de l'Angleterre, dans les années 1930. Membres de l'Association pour l'éducation des ouvriers, ces mineurs n'avaient pu trouver de professeur d'économie et avaient reçu à la place des cours d'histoire de l'art.
Rapidement la théorie a été remplacée par la pratique. Leurs travaux, remarqués par une riche collectionneuse, ont été connus sous la signature singulière du Groupe d'Ashington qui attirera l'attention des milieux artistiques avant d'être englouti par la guerre.

Si le propos de Lee Hall (scénariste de Billy Elliot) est sérieux et offre une pertinente réflexion sur l'accessibilité de l'art, sa pièce s'inscrit dans la plus pure tradition des comédies britanniques, entre dialogues savoureux et personnages attachants.
Une tradition à laquelle se rattache la mise en scène enlevée de Marion Bierry (lauréate du Prix SACD 2010 de la mise en scène) qui, avec la Compagnie du Passage, signe un spectacle drôle, touchant et résolument vivant.