J'ai trop trimé : Paroles de femmes

Témoignages recueillis par Nadine Jasmin | adaptation Nadine Darmon et Stella Serfaty.

Deux magnifiques comédiennes prêtent leur corps, leur voix à 5 femmes, Amina, Marine, Pakita, Françoise et Marie-José.

Cinq femmes, cinq itinéraires de vie, de construction, de libération. Toute une palette de sentiments, d'émotion, de choix, de luttes qui appellent l'admiration, la réflexion, la solidarité, la fraternité et l'humour ...
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Face au travail, j'ai pu constater qu'on était dans une société de déni, de déni de réalité, et que j'étais avec des gens qui se comportaient un peu comme des robots, c'est-à-dire qu'ils étaient comme des pions sur un échiquier, ils avaient chacun leur place à un endroit bien précis, et de cela on se faisait une façade. Marie-José

L'espace ... des fils tendus qui obligent, des circuits qui hiérarchisent. Pression à peine visible mais qui fonde tout l'être au travail. Ce carcan, ce carré est cadré par des pointeuses à cartes... La parole est morcelée. L'espace scénique place les protagonistes dans un "hors champ social ", un espace symbolique et non réaliste. Un lieu qui permet aux êtres de s'exposer.

Cinq paroles de femmes
Une parole libre, authentique et brute, sans jugement. Une parole qui peut se faire poétique, révoltée, sensuelle et drôle.
Une comédienne, quatre femmes, quatre étapes.
Amina une femme qui représente nos grand-mères... une femme qui n'a pas pu prendre sa place, Paquita une femme de poigne qui arrive en France et découvre tous nos systèmes de travail, Françoise une chef d'entreprise confronté au machisme, Marie-José une femme qui a choisi sa voix tardivement et qui s'épanouit dans le travail.
Et une comédienne, une parole, Marine, elle traverse ces différentes étapes du monde du travail : le déni de ses envies, la confrontation au système, la mise en responsabilité pour finalement croire en ses rêves et enclencher son propre destin.

Ce qui ressort de ces paroles de femmes, c'est l'impression forte qu'elles sont sans cesse en construction, ou en reconstruction ; ce qu'elles obtiennent, à quelque niveau que ce soit, semble être le résultat d'une lutte, et non d'un acquis. Toujours se battre pour décloisonner, s'approprier un bout de terrain reconquis ... souvent avec finesse, humour et courage, toujours avec lucidité.

J'ai trop trimé un regard de l'intérieur, incisif et juste, du monde du travail et du monde tout court dans lequel nous vivons, aujourd'hui. La bataille de toutes ces femmes et ces hommes...

Stella Serfaty