Pour éviter le scandale d'une paternité précoce, l'adolescent Karl Rossmann est chassé de chez lui et prié de faire sa vie dans l'immense Amérique. Il va y rencontrer la providence, les désillusions, l'amitié des compagnons de misère, la méchanceté des hommes, la bienveillance des femmes. Il trouvera sur sa route tout ce qui fait une vie d'homme et tâchera de garder toujours des raisons de croire en l'espérance. Amerika est le parcours d'un jeune homme dans un monde jeune, à une époque (1912) où se développait en Amérique une société nouvelle, à une allure vertigineuse.

Kafka n'a jamais écrit de théâtre. Et pourtant, ça et là dans son oeuvre, quelque chose nous dit que les dialogues, la précision des situations, les thématiques, seraient pour la scène une nourriture d'une grande richesse. Alors Kafka machine à jouer ? Kafka machine à théâtre ? Sans aucun doute ! Inachevé, forcément inachevé comme presque tout d'ailleurs, comme sa vie aussi. L' "Amerika" est composé des parties dialoguées du roman, aucun texte additionnel ne vient colmater les brèches du récit qui prend ici la forme d'épisodes espacés par des ellipses plus ou moins importantes.

Notre "voyage en Amérique" nous transportera dans un monde cosmopolite qui s'organise. Une Amérique métaphorique dans laquelle votre mission, si vous l'acceptez, consistera tout d'abord à rechercher une place, puis à défendre votre place, pour ensuite chercher une place meilleure (dans le meilleur des mondes ?).

Un Kafka plus "exotique", sans chapeau melon, cauchemar, ni machine à écrire, qui a plus à voir avec "Tintin en Amérique" qu'avec "Brazil", qui flirte avec Flaubert et Dickens. Alors installez-vous confortablement dans votre fauteuil, le noir se fait, la lumière monte doucement sur la scène, un petit bonhomme court de long en large sur le pont d'un transatlantique pendant que Lou Reed chante " gimme gimme gimme some good times".