La dernière bande

Krapp est un homme vieillissant affalé sur sa table le jour de ses 69 ans.
Ours solitaire, bougon et désabusé, il se penche sur sa vie dont il a gardé des bribes singulières en s'enregistrant à chacun de ses anniversaires. Ce soir, il choisit d'écouter la bande magnétique qu'il confectionna pour ses 39 ans.

Sa voix se met alors à occuper le plateau et le vieux Krapp, tandis qu'il écoute cet enregistrement, réagit à ses propres réflexions tenues lorsqu'il était jeune. Il lève un sourcil, il grogne, il s'agace, il se commente sans complaisance, et le monologue des années lointaines vient dialoguer avec le monologue qui s'élabore sous nos yeux.

Peter Stein signe une mise en scène et une direction d'acteur magistrales, respectant à la lettre les indications si minutieuses de Samuel Beckett et scrutant à la loupe chaque silence et chaque mot. Il donne à la structure de la pièce une sidérante profondeur, où l'économie du verbe ponctuée d'espiègles instants clownesques touche à la plus bouleversante sobriété.