Dans ce conte grotesque et tragique inspiré des frères Grimm et de l'affaire Pierre Rivière, la metteuse en scène Asja Nadjar convoque des figures monstrueuses et excessives pour un spectacle qui questionne les normes et les interdits.

La mère, la fille, les enfants perdu·es, la forêt : tous les signes nous indiquent que l'on se trouve au royaume des contes. Seulement voilà, dans Oh mère tout est poussé à l'excès : les corps des personnages sont bossus, métamorphosés, même leur langage semble cabossé. Le personnage central, la Mère, déformé par une grossesse qui ne veut pas s'achever, apparaît au croisement de nombreuses figures féminines réelles et imaginaires : l'ogresse, la mère adoptive aimante, la femme-enfant, la mère violente...

Poétique et subtil, le spectacle d'Asja Nadjar déjoue nos attentes pour mettre en lumière deux grands tabous : le parricide et l'infanticide. Grâce à la richesse de son univers esthétique, son esprit clownesque, et le jeu très physique des comédien·nes, Asja Nadjar orchestre avec talent ce bal de monstres malheureusement bien trop humains.