Dans le huis-clos de l'habitacle, on s'observe dans le rétroviseur et la parole se libère : on discute de famille, de religion, de sexualité ou d'amour. Avec Ten, la metteuse en scène Guilda Chahverdi dresse le portrait de femmes iraniennes combatives et touchantes, qui nous affirment leur existence dans un monde qui veut les réduire au silence.

Lorsqu'il réalise Ten en 2002, le cinéaste Abbas Kiarostami utilise un dispositif de cinéma minimaliste et radical : deux caméras numériques filment le champ et le contre-champ d'une conductrice, Mania, et de ses passagères. Au fil des trajets, elle échange avec sa soeur, une vieille femme, une prostituée, une jeune femme, une amie, ainsi qu'avec son fils Amin.

Dans son adaptation, Guilda Chahverdi transpose l'espace fermé de la voiture dans l'intimité de la salle de théâtre. Elle choisit de mettre en avant la force de la parole et la vulnérabilité des confessions de ces personnages qui se voient sans se regarder. En langue persane surtitré en français, Ten nous raconte l'Iran d'hier et d'aujourd'hui, pour un spectacle saisissant à la portée universelle.